Pour cette partie, j’avoue, je procrastine…
Pas uniquement parce que je suis très très douée en procrastination, non, même si je me distingue par des capacités hors normes en ce domaine, non, je répète, pas uniquement pour cela! Je tarde à écrire cet article, le remets à plus tard, l’oublie, l’esquive, le reporte pour plusieurs raisons.
Pas uniquement parce que j’ai un emploi du temps surchargé (je ne connais pas d’autre forme d’emploi du temps en l’occurrence alors…), non, pas uniquement.
Je repousse le moment fatidique (et voyez comme je m’y attelle à la perfection en ces lignes sans fin) pour deux raisons, ce me semble: d’une la musicalité c’est pas mon truc à moi, enfin pas sa théorie, si je fais chanter les mots, si j’accorde leurs sons c’est par mégarde, ou parce que ça plait à mon oreille, à mon écoute interne, mais je n’y connais rien. C’est à Une Voix que je laisse le soin de ce domaine-là! Et deux, ben, comment dire… J’aime pas finir. Voilà. C’est dit. J’aime commencer. J’aime pas finir. Et je viens finir le « cycle » sur la versification. Bon, aller, soit!
La musicalité donc… Analyser les effets sonores et rythmiques d’un poème c’est une étude sur sa musicalité. Et aussi beaux que soient les mots que l’on emploie, aussi profonds soit les sentiments que l’on exprime, la beauté d’un poème tient quand même, à mon humble avis, à sa musicalité, à l’effet que provoque l’écoute de ses vers scandés par une belle voix. Mon fils est en primaire, il rentre à la maison avec des poèmes à apprendre et à réciter. C’est une très bonne façon de constater cet effet « musical »: entre la qualité des vers et la qualité de la diction, l’une dépendant du choix de l’institutrice, l’autre… de l’entrainement du petit à « mettre le ton »!
Les effets sonores
– L’allitération: la même consonne est répétée plusieurs fois.
Que sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes?
– L’assonance: la même voyelle est répétée plusieurs fois.
Vanina a a a Vanina a a a a a a
(OK, je sors… Mais bon aucun exemple ne me vient et je n’ai pas le cœur à chercher, là, maintenant, tout de suite…)
– Les échos sonores: une syllabe entière est répétée plusieurs fois, donc assonance et allitération ensemble.
Un rapace vorace au loin enlaçait la proie qu’il lacérait.
– Les rimes: et oui, quoi de plus évident comme effet sonore quand on entend un poème que celui provoqué par les rimes? Et je vous ai déjà parlé d’elles, si vous avez loupé ce chapitre cliquez ici!
Les effets rythmiques
Hou là, là je sens que je vais manquer d’exhaustivité, citons-en en vrac, expliquons quelques-uns et ensuite… Je compte sur vous pour me signaler les manquants et je n’hésiterai pas à venir compléter l’article après publication (et comme ça vous repasserez!).
Le rythme d’un poème est déterminé par beaucoup d’éléments, notamment bien sur le nombre de pieds dans le vers, la césure du vers (un vers est séparé en deux versants par une pause, dans les alexandrins cette pause à une place précise et sépare le vers en deux hémistiches, mais vous savez tout ça vous passiez un bac G…), la place et le nombre de coupes (pauses secondaires dans le vers). Importent aussi la ponctuation, l’accentuation, les répétitions, les énumérations, les parallélismes, les chiasmes, les enjambements, les rythmes croissants ou décroissants…
La ponctuation, nul besoin d’expliquer, n’est-ce pas? Si?! Que faisiez-vous au primaire?
L’accentuation correspond à l’intonation des mots. Et non, on ne transforme pas les accents aigus en accent graves pour améliorer la sonorité du vers, mais on joue avec l’accent tonique, les syllabes sur lesquelles on insiste.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant.
Les enjambements sont eux des modulations de la loi selon laquelle la fin d’un vers coïncide avec un arrêt dans la syntaxe et permet de s’arrêter à la fin de ce vers à cause du sens. On enjambe en faisant porter ce sens par plus d’un vers, et on accentue cet effet par l’utilisation de rejets et de contre-rejets.
Le rejet est une fin déportée au début du vers suivant:
Vers 1: ————-
Vers 2:—-/——–
Le contre-rejet est un début déporté en fin du vers précédent:
Vers 1: ——–/—-
Vers 2:————–
Et, techniquement, il y a encore à dire et décrire sur les enjambements et quelques autres mots barbares sus-cités. Sauf que je crois que nous en avons assez pour l’instant, bien assez de règles, de matière, de contraintes, pour nous exercer à écrire nos poèmes. Là encore c’est de la pratique qu’il nous faut, nous en parlerons. J’achève donc le cycle « versification », pressée de passer à la suite et aux sujets qui maturent et me rapprochent d’objectifs bien plus vastes!
PS: un seul vers donné en exemple est de ma plume (effet notable de la procrastination de cet article), c’est le quiz de la semaine, un bravo à tous ceux qui commenteront en ayant identifié le dit vers!
PPS: pour ceux qui chercheraient le lien entre le texte et l’image, imaginez la musicalité du hérisson qui se frotte à la face rugueuse d’une éponge… Ou mettez ça sur le compte du fait que j’aime cette photo et que je voulais la caser!