© Ben Heine - http://www.benheine.com/

Fiction ou réalité ?

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Il n’y a pas si longtemps je publiais un petit texte, une bluette, quelques lignes nées de mon imagination, qui n’avaient aucune réalité. Il ne me courtisait pas. Qui était-« il » d’ailleurs ? D’où me venait soudain cet émoi de courtisane, pardon ! De courtisée !? Parce que, oui, émoi il y avait, l’émoi je le vivais. Je le vis avant de l’écrire, je le vis en l’écrivant, je le vis en relisant… Que ce soit une bluette amoureuse ou une tragédie grecque. Bon, c’est vrai, je n’ai jamais écrit de tragédie grecque… Mais je peux imaginer que j’en vivrais les émotions, comme je les vis dans toutes ces histoires que je m’invente, ces scénarios éphémères qui vivent dans ma tête et sont rarement transcrits en mots.

Il n’y a pas si longtemps je publiais un petit texte, une bluette, quelques lignes nées de ma réalité, saupoudrées de notes diverses chipées à mes autres expériences, volées à d’autres époques, voire empruntées aux histoires d’autres personnes. D’où me venait ce soudain émoi ? De l’image venue à mon esprit, sans raison aucune, d’un homme de ma connaissance, connaissance lointaine ; et du peu, très peu, que je savais de lui. Son visage, son loisir « passion », rien de plus.

Autour de ce visage formé sur mon écran interne, j’ai peint un paysage, un contexte, des intentions, des émotions. J’ai rappelé des souvenirs que j’ai transformés pour les adapter à cette personne, à cette situation, et je me suis laissée flotter, je me suis laissée faire par le moment et les images qui jaillissaient en toute autonomie.

Car rien dans ce processus n’était « conscient », rien n’était provoqué par la volonté, rien n’était réfléchi. Une fois la vanne ouverte, il suffisait de laisser couler. Et, comme je laisse couler ce soir, voilà que d’un sujet de départ sur la source réelle ou fictive de nos écrits (sujet dans lequel je ne me suis pas encore vraiment engouffrée d’ailleurs, comment ça mon introduction est longue ?!), je me retrouve forcément non loin d’autres éléments du processus de création… Je ne me laisserai pas faire, ce sera pour une autre fois, revenons à notre bluette.

Mon dernier article, comme le prochain, vise donc à illustrer mon sujet du jour, qui est que ce qu’on, non, ce que j’écris (car après tout que sais-je des autres ?) ne nait jamais du néant : il se nourrit de bribes de réalité, il se nourrit de l’expérience de l’écrivant, il n’est pas pure imagination, même quand il s’agit de grands bonshommes bleus ou de hobbits aux pieds poilus. Toute création surgit d’un nouvel assemblage constitué d’éléments existants. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite, certes, mais réelle.

Alors, ne venez plus me demander si les histoires et poèmes que ma plume raconte sont réels ou fictifs. Ils le sont.
Ils sont fictifs car ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées. Car peut-être même ils ne me sont pas arrivés, mais à un autre. Car potentiellement ils ne sont juste « pas encore » arrivés.
Ils sont réels car chacun de leurs éléments provient d’une once de réalité, d’une expérience, d’un « déjà-vu », d’un récit entendu et intégré. Ils sont réels dans l’émotion qu’ils suscitent.

Pour que les images jaillissent, que les mots viennent, que la source jamais ne tarisse, il lui faut donc de la matière venue de l’expérience (vécue ou reçue). Celle-ci peut venir de la simple observation, comme nous en avons déjà parlé, mais je la préfère encore quand elle provient de muses inattendues. Et la vie m’offre parfois de ces cadeaux, au détour d’un regard, d’une journée banale qui prend un tour surprenant. J’en veux encore. Je me laisse surprendre à chaque fois, éternellement naïve et ravie que la magie revienne. La source s’est remplie à nouveau, il n’y a plus qu’à lui ouvrir les vannes…

2 réflexions sur “Fiction ou réalité ?”

  1. Merci pour la suggestion, je ne connais pas, je viens de lire le 4eme de couverture et effectivement je pense que je le lirai ! Quand aux entretiens, plus qu’à aller dans mon appli de podcast où France Culture et les émissions de Raphaël figurent déjà, mais pas les rediff de ces derniers temps.
    Et c’est toujours sympa les remises en causes 🙂

  2. Je te suggère (sauf si c’est déjà fait 🙂 ) de lire les écrits de Réné Girard qui vient, hélas, de nous quitter et otamment celui-ci : « Mensonge romantique et vérité romanesque » qui donne un éclairage vraiment nouveau sur l’origine de nos désirs et sur la littérature dite « romantique ». Cette semaine, France -Culture rediffuse également tous les soirs, de 20h à 20h30, une série d’entretiens datant de 2004, entre lui et Raphaël Enthoven. C’est très instructif que l’on adhère ou pas à sa vision des choses. Et si l’on adhère, cela remet certainement tout en cause…… 🙂

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