A vos plumes !

PlumeOu à vos claviers, c’est selon ! Gageons que ce seront les claviers…

Comme promis, je viens vous soumettre ici l’exercice d’écriture proposé par Stephen King. Il faut bien que l’on s’y mette un jour ! Comme je vous sais très occupés (comme je le suis surtout pour ma part) je vais nous donner deux bons mois, allons ! Même un de plus, pour rendre votre copie (et moi la mienne).

Donnons-nous donc comme date d’achèvement de cet objectif le 29 avril de cette année. L’objectif étant donc d’écrire l’histoire suggérée par cet auteur à succès et de nous envoyer le résultat à contact@uneplume.net !

J’oserai peut-être vous publier mes propres pages.
Je tannerai sûrement Une Voix pour publier les siennes.
Je ferai certainement des vôtres… ce que vous voudrez bien que j’en fasse (outre me délecter à les lire) !

Mais lisez donc la contrainte ci-dessous – extraite d’« Écriture Mémoires d’un métier » – et jusqu’au bout car c’est là que réside le « truc ». Elle est longue, certes, pour ceux qui l’ont lu vous le savez prolixe. Elle raconte déjà une histoire, certes, je me suis même demandée ce que je pouvais bien avoir à écrire vu qu’il l’a déjà fait rien qu’en expliquant la consigne ! Mais je la trouve intéressante, il me semble que cet excès d’informations qu’elle contient va avoir un effet, je ne sais encore lequel… Nous le saurons quand l’histoire sera écrite ! Voici sa proposition :

Votre travail consistera à écrire cinq ou six pages, sans partir d’une intrigue préalable […]. Je crois que vous risquez d’être très surpris et ravis du résultat. Prêts ? On y va.

[…] Les éléments de base de l’histoire qui suit sont connus de tous ; avec ses nombreuses petites variantes, elle semble figurer une semaine sur deux, en moyenne, dans la rubrique fait divers des quotidiens de toutes les grandes villes. Une femme — appelons-la Jane — épouse un homme intelligent, plein d’humour et débordant de magnétisme sexuel. Nous l’appellerons Dick ; c’est le prénom le plus freudien qui soit. Malheureusement, Dick a sa part d’ombre. Il a du mal à contrôler son mauvais caractère, et il est peut-être même paranoïaque (vous le découvrirez à la manière dont il parle et se comporte). Jane déploie les plus grands efforts pour supporter les défauts de Dick et réussit à ce que leur couple tienne bon (pourquoi cela est-il aussi important pour elle, c’est aussi quelque chose que vous trouverez ; elle montera sur scène pour vous le dire). Le couple a un enfant et, pendant un temps, les choses semblent mieux se passer. Puis, alors que la petite fille a environ trois ans, les mauvais traitements et les crises de jalousie recommencent. Mauvais traitements verbaux, tout d’abord, puis physiques. Dick est convaincu que Jane couche avec quelqu’un, peut-être un collègue de bureau. Est-ce une personne en particulier ? Je ne le sais pas et ça m’est égal. Dick finira par dire qui il soupçonne. S’il le fait, nous le saurons tous les deux, n’est-ce pas ?

Finalement, la pauvre Jane n’en peut plus. Elle divorce et obtient la garde de leur fille, la petite Nell. Dick se met à la harceler. Jane réagit en obtenant de la cour une interdiction pour Dick de l’approcher, document à peu près aussi utile qu’un parasol pendant un ouragan, comme vous le diraient nombre de femmes battues. Pour terminer, après un incident que vous décrirez de manière vivante et effrayant (il la bat en public, par exemple), cet abruti de Dick est arrêté et jeté en prison. Tout ce que je viens de décrire est en réalité le fond du décor. Ce que vous en faites et la manière dont vous le faites ne dépendent que de vous. Ce n’est nullement la situation. La situation est ce qui vient maintenant.

Un jour, peu après l’incarcération de Dick dans la prison de la ville, Jane récupère la petite Nell à la garderie et va la déposer chez une amie où l’on fête un anniversaire. Puis Jane rentre chez elle, contente d’avoir deux ou trois heures de tranquillité devant elle. Peut-être vais-je faire une petite sieste, se dit-elle. Elle habite une maison, en dépit du fait qu’elle est seule et jeune employée, car la situation l’exige plus ou moins. Comment est-elle installée dans une maison et pourquoi dispose-t-elle d’un après-midi libre, autant de détails que l’histoire vous dira et qui paraîtront parfaitement cohérents si vous les justifiez par de bonnes raisons (la maison appartient à ses parents, ou bien elle est chargée de la garder; il existe des tas de possibilités).

Une chose l’alerte, mais d’une manière pas tout à fait consciente ; quand elle pousse la porte, elle se sent soudain mal à l’aise. Elle n’arrive pas à dire pourquoi et suppose que c’est simplement de la nervosité, une conséquence des cinq années passées en compagnie de mister Charmant Caractère. De quoi d’autre pourrait-il s’agir, d’ailleurs ? Dick est derrière les barreaux, non ?

Avant d’aller faire la sieste, Jane décide de se préparer une infusion et de regarder les informations (pourrez-vous utiliser, plus tard, la bouilloire qui siffle sur le gaz ? À vous de voir). La principale information au bulletin de quinze heures est sensationnelle: le matin même, trois hommes se sont évadés de la prison municipale, tuant un gardien au passage. Deux des trois hommes ont été repris, le troisième est toujours en fuite. On ne donne pas le nom des évadés (pas dans ce bulletin, en tout cas), mais Jane, dans sa maison vide (fait que vous aurez maintenant expliqué de manière plausible), sait, sans l’ombre d’un doute, que l’un d’eux était Dick. Elle le sait parce qu’elle a finalement identifié la raison de son pressentiment lorsqu’elle est entrée chez elle. C’était l’odeur, légère et en train de disparaître, d’un produit capillaire, un tonique du nom de Vitalis. Le tonique de Dick. Jane reste immobile dans son fauteuil, les muscles paralysés de terreur, incapable de se lever. Et tandis qu’elle entend les pas de Dick dans l’escalier, elle se dit: il n’y a que Dick pour arriver à se procurer du Vitalis, même en prison… Elle doit se lever, elle doit courir, mais elle n’arrive pas à bouger…

Pas mal, non ? C’est ce que je pense. Pourtant, c’est une histoire qui n’a rien d’unique. Comme je l’ai déjà fait remarquer, BATTUE (OU ASSASSINÉE) PAR UN EX-MARI JALOUX est un titre qui fait la manchette des journaux presque toutes les semaines. C’est triste, mais vrai. Ce que je vous demande, dans cet exercice, c’est de changer le sexe des protagonistes avant d’attaquer votre travail sur la situation ; faites de la femme la harceleuse, en d’autres termes (peut-être se sera-t-elle échappée d’un hôpital psychiatrique, et non d’une prison), et du mari la victime. Rédigez sans élaborer d’intrigue ; laissez la situation et cette inversion inattendue des rôles vous porter. Je vous prédis que ça coulera comme de source si, bien sûr, vous êtes honnête dans la façon de faire parler et se comporter vos personnages. L’honnêteté, quand on raconte une histoire, compense bien des fautes de style, […] mentir est en revanche la grande faute impardonnable. Les menteurs prospèrent, ce n’est que trop vrai, mais seulement dans le grand mouvement des choses, jamais dans les jungles de la composition et de ses dures réalités où vous devez tendre vers votre objectif, un mot après l’autre. Si vous commencez à mentir sur ce que vous savez et ressentez quand vous êtes là en bas, tout s’écroule.

Stephen KING, Écriture, mémoires d’un métier, p. 202-205.

A vos plumes !

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