L’angoisse de la page blanche

L'angoisse de la page blancheLes journées sont trop courtes. Vous avez remarqué, vous aussi, non ? A seize heures, il fait nuit. Comment voulez-vous que je trouve le temps de m’asseoir et d’écrire un article ou, pire encore, une chanson, alors que les journées sont si courtes. Ce n’est pas comme si je n’avais rien d’autre à faire. Les journées raccourcissent, rétrécissent, s’étranglent dans leur petitesse et il faut quand même leur faire ingurgiter toutes ces activités importantes, nécessaires, essentielles. Cela devient une question de survie. Où est la place pour mon article là au milieu ? Quand trouverais-je le temps de caresser ma guitare en espérant qu’elle m’inspire un refrain ?

Et puis il fait froid dans mon petit bureau. Le chauffage ne s’insinue pas jusque là. Rien que d’évoquer l’idée de me mettre à tapoter sur mon ordi ou de prendre un crayon pour griffonner au brouillon, j’ai les doigts qui s’engourdissent. Alors, je ne vous parle même pas de gratter les cordes de ma guitare, glacées elles aussi à l’idée de sortir de la housse par ce froid d’hiver.

Je préfère laisser Une Plume vous écrire. Elle a une telle imagination, elle a toujours des idées. Et puis, je ne sais pas comment elle fait, elle a plus de temps que moi. Plus de temps, je vous dis. Non, pas plus de courage, plus de temps. Pour que ce soit une question de courage, il faudrait qu’il y ait peur. Or, je n’ai pas peur. Je ne vois pas pourquoi j’aurais peur. Je ne vois pas ce qui pourrait me faire peur dans le fait de m’installer pour vous écrire. Un article, un poème, une chanson.

Il suffit que je vienne telle que je suis, avec mes idées, mes émotions, mes impressions et que je les couche sur le papier. Come as you are, comme dirait l’autre. J’ai fait ça si souvent. Combien de fois en réunion de travail, dans le bus ou seule à la maison, les mots se sont même imposés à moi, sans que je leur aie rien demandé, m’imposant d’attraper papier et crayon et me dictant à une allure folle ce qui allait devenir une chanson ? Combien de fois ai-je du les attraper au vol ces petites notes frivoles avant qu’elles ne s’enfuissent à tire-d’aile vers la muse d’un autre guitariste ? C’est si facile. Parfois.

Alors, sincèrement, pourquoi aurais-je peur aujourd’hui, alors que Une Plume m’a déjà secourue plusieurs fois en improvisant un article quand « c’était mon tour » ? Pourquoi aurais-je peur aujourd’hui de ne rien avoir à exprimer ? Qu’aucune idée, qu’aucune émotion, qu’aucun mot ne me vienne pour mon article du jour ? Pourquoi, après avoir tant de fois confronté mes mots à l’avis d’un public difficile, aurais-je peur que cette fois-ci vous n’aimiez pas mes écrits ?

Ridicule.

Plus j’y pense, plus je trouve cette idée ridicule. Oui, tu es ridicule, petite pensée qui vient me tirailler pendant mon sommeil, insinuant que je n’ai pas – que je n’ai plus – d’inspiration pour écrire à mes lecteurs. Comment serait-possible que je n’aie, d’un coup, plus rien à dire, moi qui suis parfois si bavarde ? C’est absurde de me titiller comme ça quand j’essaie de me rendormir, me laissant entendre que c’est peut-être parce que je suis trop heureuse aujourd’hui pour écrire, que je suis meilleure dans la tristesse, que mes mots les plus forts se cachent derrière mes larmes. Déjà les journées sont courtes alors laisse mes nuits en dehors de cette affaire. De toute façon je ne te croies pas, je ne veux plus t’entendre, toi et tes insinuations !

Oublie moi, Angoisse de la page blanche !

6 réflexions sur “L’angoisse de la page blanche”

  1. Ping : Ce que m'inspire l'inspiration - Une Plume & Une Voix

  2. Ping : Le coup de la panne

  3. Ping : Se lancer - Une Plume & Une Voix

  4. Le Bisounours étant un animal protégé, il est interdit de le mettre en cage et de l’utiliser comme animal d’intérieur !! Si c’est pas honteux ! Pauvre bête !! 🙂

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