Les intervalles (2ème partie)

Dans la première partie de notre série consacrée aux intervalles, nous avons vu les intervalles élémentaires (ton et demi-ton) et la façon dont ils s’articulent pour former les gammes majeure et mineure. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la dénomination d’intervalles plus grands, sur leur composition et sur leur qualification. Enfin, nous verrons comment faire le lien entre cet apport théorique et les accords de notre chanson!

La dénomination des intervalles

Reprenons la suite des notes naturelles: Do, ré, mi, fa, sol, la si, do’ (j’appelle ce dernier do, do prime pour le distinguer du premier).

  • L’intervalle entre deux notes conjointes (sans tenir compte des altérations) s’appelle une seconde. Voici quelques exemples de secondes: Do-ré, mi-fa, sol- la bémol, ré dièse-mi
  • L’intervalle comprenant une seule note entre ses bornes s’appelle une tierce. Voici quelques exemples de tierces : Do-mi, ré-fa dièse, sol-si bémol, do dièse-mi bémol, …
  • L’intervalle comprenant deux notes entre ses bornes s’appelle une quarte. Voici quelques exemples de quartes : Do-fa, ré-sol dièse, sol-do, ré bémol-sol dièse, …
  • L’intervalle comprenant trois notes entre ses bornes s’appelle une quinte. Voici quelques exemples de quintes : Do-sol, ré-la dièse, sol-ré bémol, do dièse-sol bémol, …
  • L’intervalle comprenant quatre notes entre ses bornes s’appelle une sixte. Voici quelques exemples de sixtes : Do-la, ré-si bémol, fa dièse-ré, …
  • L’intervalle comprenant cinq notes entre ses bornes s’appelle une septième. Voici quelques exemples de septièmes : Do-si, ré-do dièse, sol- la bémol, …
  • L’intervalle comprenant six notes entre ses bornes s’appelle une octave. Voici quelques exemples d’octaves : Do-Do’, Ré-ré’, sol dièse-sol dièse’, …
  • L’intervalle comprenant sept notes entre ses bornes s’appelle une neuvième. Voici quelques exemples de neuvièmes : Do-ré’, mi-fa’, sol- la bémol’, ré dièse-mi’
  • L’intervalle comprenant huit notes entre ses bornes s’appelle une dixième. Voici quelques exemples de dixièmes : Do-mi’, ré-fa dièse’, sol-si bémol’, do dièse-mi bémol’, …

etc…

Quelques remarques:

  • Il faut citer le « non-intervalle » unisson, représentant l’intervalle entre deux notes identiques (do-do, ré-ré, …).
  • L’intervalle de neuvième et l’intervalle de seconde se ressemblent étrangement. La seule différence est que dans l’intervalle de neuvième, l’une des bornes est située une octave plus haut (ou plus bas). L’intervalle de neuvième est équivalent à un intervalle de seconde + un intervalle d’octave. Souvent d’ailleurs, un intervalle de neuvième est simplifié en intervalles de seconde.
  • Même remarque pour l’intervalle de dixième et l’intervalle de tierce, et ainsi de suite.

La composition des intervalles

Donner la composition des intervalles consiste simplement à indiquer le nombre de tons et de demi-tons compris entre les bornes de l’intervalle (si besoin, se reporter à l’article Les intervalles (1ère partie)).

Par exemple, entre Do et Fa, nous avons 2 tons et 1/2 ton, entre Ré et La, nous avons 3 tons et 1/2 ton et entre Do et Do’ nous avons 6 tons.

La qualification des intervalles

Le travail se corse un peu à ce stade des opérations! Il s’agit, à partir de la dénomination et de la qualification d’un intervalle de déterminer sa qualification. Pour se faire utilisons le tableau récapitulatif suivant:

Dénomination Composition Exemple Qualification
Unisson 0 ton Do-Do juste
½  ton Do- Do dièse augmenté
Seconde ½ ton Do-Ré bémol mineure
1 ton Do-Ré majeure
1 ton ½ ton Do-Ré dièse augmentée
Tierce 1 ton ½ ton Do-Mi bémol mineure
2 tons Do-Mi majeure
2 tons ½ ton Do-Mi dièse augmentée
Quarte 2 tons Do-Fa bémol diminuée
2 tons ½ ton Do-Fa juste
3 tons Do-Fa dièse augmentée
Quinte 3 tons Do-Sol bémol diminuée
3 tons ½ ton Do-Sol juste
4 tons Do-Sol dièse augmentée
Sixte 4 tons Do-La bémol mineure
4 tons ½ ton Do-La majeure
5 tons Do-La dièse augmentée
Septième 5 tons Do-Si bémol mineure
5 tons ½ ton Do-Si majeure
6 tons Do-Si dièse augmentée
Octave 5 tons ½ ton Do-Do bémol diminuée
6 tons Do- Si dièse juste
6 tons ½ ton Do-Do dièse augmentée

Quelques remarques:

  • Les formes diminuée et augmentée de l’octave et de l’unisson sont très rares.
  • Les intervalles de quarte augmentée et de quinte diminuée ont la même composition : Do-Fa dièse et Do Sol bémol se jouent de manière identiques sur un piano, mais leur fonction en théorie musicale n’est pas la même. Explication à suivre…
  • Deux intervalles conjoints dont la somme des compositions donne 6 tons (une octave) sont appelés intervalles complémentaires. Ils ont d’ailleurs les mêmes notes à leur borne, à une octave près: Sol-Fa et Fa-Sol’ par exemple. Une astuce avec les intervalles complémentaires est que l’on peut déduire la composition de l’un à partir de la composition de l’autre (puisque la somme fait 6 tons). Il est alors plus facile de déterminer la composition et la qualification de Fa-Sol, seconde majeure (1 ton) que de Sol-Fa, septième mineure (5 tons).

 A quoi ça sert ?

Vous êtes toujours là ? Tant mieux parce que c’est là que ça devient intéressant

Dans un article précédent (Tonalité et accords), nous avions vu quels accords pouvaient être déduits de la tonalité d’un morceau, mais nous n’avions pas expliqué comment déterminer si un accord est majeur ou mineur. Voici l’explication:

Nous avons vu qu’un accord à trois sons est constitué de sa première note, de la tierce et de la quinte déterminées à partir de cette première note. C’est la qualification de la tierce qui donne le qualificatif de majeur ou de mineur à l’accord. Par exemple :

  • L’accord do-mi-sol. L’intervalle Do-mi est une tierce majeure (2 tons). L’accord est donc Do majeur.
  • L’accord ré-fa-la. Ré-fa est une tierce mineure (1 ton et demi) . L’accord est donc Ré mineur.
  • Et ainsi de suite…

En qualifiant la tierce de l’accord, on peut donc qualifier l’accord lui même.

Cette logique est poussée encore un peu plus loin dans le cas des accords à quatre sons. Nous verrons cela très bientôt, mais à chaque jour suffit sa peine …et sa dose de théorie musicale. Je vous libère pour ce soir!

5 réflexions sur “Les intervalles (2ème partie)”

    1. Oui, plus ou moins.
      Sur un piano ou une guitare, c’est vrai.

      Mais si l’on creuse encore un peu plus la théorie, un ton est composé de 9 commas soit 5+4 commas :
      – 5 commas pour un demi-ton chromatique (entre deux notes de même nom, par exemple entre Lab et La).
      – 4 commas pour un demi-ton diatonique (entre deux notes de nom différents, par exemple entre La et Sib).

      Donc – mais cette distinction n’existe pas en pratique sur la plupart des instruments – La# et Sib ne sont pas la même note.

      Pour conclure, si on veut chipoter, l’intervalle Lab-La# n’équivaut pas à 1 ton mais à 10 commas. En pratique, dans la plupart des musiques, on n’utilisera jamais l’intervalle Lab-La# mais soit l’intervalle Lab-Sib (qui contient exactement 1 ton) soit l’intervalle Sol#-La# (qui équivaut également à un ton).

      J’espère que ce complément d’informations aura été utile !

  1. Ping : Analyse d'une chanson : A ma place - Une Plume & Une Voix

  2. Cet article est vraiment bien tourné, très précis et très concis. Même moi qui utilise beaucoup les accords (compliqués ou pas) et qui ne connais pas vraiment bien le solfège, je m’y retrouve…… c’est dire si c’est bien fait cet article hein ! 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Retour en haut